Camille de Toledo
© Tonatiuh Ambrosetti
Camille de Toledo est écrivain, docteur en littérature comparée. Il enseigne à l’Atelier des écritures contemporaines de l’ENSAV (La Cambre), à Bruxelles. Sa thèse, Une histoire du vertige, traverse les œuvres de Cervantès, J. L. Borges, Claudio Magris, Édouard Glissant, William Faulkner, Fernando Pessoa et W. G. Sebald. Il est lauréat de la Villa Medicis (2004) et de la Fondation Jan Michalski pour l’écriture et la littérature (2019). En 2008, il fonde la Société européenne des auteurs pour promouvoir « la traduction comme langue ». En 2012, il part vivre à Berlin avec ses trois enfants après la mort de son frère, de sa mère et de son père. Il écrit également pour l’opéra, La Chute de Fukuyama (2013) et pour le théâtre, Sur une île sur la tragédie d’Utøya, ou le diptyque PRLMNT sur la chute de l’Union européenne et la recomposition politique grâce à des institutions inter-espèces, où les milieux, les écosystèmes seront reconnus comme sujets de droit.
le livre
En 2012, Thésée quitte « la ville de l’Ouest » et part vers une vie nouvelle pour fuir le souvenir des siens. Il emporte trois cartons d’archives, laisse tout en vrac et s’embarque dans le dernier train de nuit vers l’est avec ses enfants. Il va, croit-il, vers la lumière, vers une réinvention. Mais très vite, le passé le rattrape. Thésée s’obstine. Il refuse, en moderne, l’enquête à laquelle son corps le contraint, jusqu’à finalement rouvrir « les fenêtres du temps »…
la presse
Thésée, sa vie nouvelle, de Camille de Toledo, est l’histoire d’un homme qui tremble. Son corps ne le porte plus, il a le vertige, il tombe. S’il souffrait d’une maladie connue, la médecine le soulagerait, mais il s’agit d’autre chose, il le sait, ou plutôt il le sent. C’est qu’il porte un poids trop lourd pour lui, celui d’un passé qui grève le présent et hante l’avenir, « la charge du survivant ». Treize ans plus tôt en effet, le 1er mars 2005, son frère Jérôme s’est pendu. Ses parents, dévastés, qui mourront eux-mêmes peu après, ont établi un discours factice « pour éviter que le corps dérange » : il était malade, il a fait un libre choix… Mais lui, le cadet, n’y croit pas : « La pendaison est un acte archaïque, ce n’est pas un saut par la fenêtre, la corde vient du passé. » A ses yeux, le suicide engage une enquête en responsabilité. « Qui commet le meurtre d’un homme qui se tue ? » Le Monde, Camille Laurens